Expérience de Kabi Paudel (Francis)
Namaste à tous
Je m’appelle Kabi et j’ai 23 ans. Pour vous raconter qui je suis, je vais vous parler de ma vie depuis mes 12 ans quand j’étais en classe 8. Ma mère a décidé de se séparer de mon père. Elle m’a emmené avec ma sœur à Nepalgunj et c’était ma première fois dans cette ville proche de la frontière Indienne. A cet âge cela fut vraiment difficile pour moi de gérer la situation. J’ai énormément pleuré car ma vie n’était que chaos jusqu’à cette période. J’ai dû arrêter mes études pour un mois et continuer à distance chez mon oncle. Après avoir validé mon examen de la classe 8, mon père m’a emmené à Mandras, en Inde. J’ai commencé l’école sur place mais tout était très difficile car ce n’était pas en Népalais mais en Tamil et il était compliqué de comprendre. En raison de mes problèmes familiaux, je n’ai finalement pas pu rester là-bas, donc je suis retourné au Népal. La vie était devenue encore plus difficile quand ma mère a décidé de partir. Mais malgré tous ces aléas, je n’ai pas abandonné mes études et j’ai continué de travailler dur. Quand ma mère nous a quittés, mon père était en Inde. De ce fait, je suis retourné chez mon père et il ne m’a que très peu aidé. Rester chez mon père fut tellement dur et triste… c’était comme de la torture mentale. En y repensant, l’environnement familial était totalement nocif. Puis j’ai déménagé à Kohalpur pour rester chez ma tante.
Je devais faire toutes les tâches ménagères le matin et j’allais à l’école ensuite vers midi. Quand j’étais en classe 11, nous avons eu une vache et j’ai dû en plus m’occuper d’elle. Malheureusement j’avais encore moins de temps pour étudier. J’ai ensuite passé mon examen de la classe 12 dans un chaos quotidien et j’ai échoué à mon examen d’anglais. En me préparant pour mon rattrapage, j’ai commencé à travailler pour une durée de 3 mois dans une cantine, où je devais cuisiner pour 35 personnes. Puis j’ai travaillé durant un mois en tant qu’assistant d’un ingénieur puis en tant que superviseur. Cela m’a aidé à économiser un peu d’argent pour mes études car je n’avais pas d’aide financière de mon père. Ma mère était revenue m’aider comme elle pouvait malgré les difficultés.
J’ai finalement réussi mon examen et j’ai été admis pour un Bachelor à Nepalgunj. Cependant mon père est décédé pendant mon examen de dernière année et je n’ai pas pu continuer mes études.
Les choses étaient ainsi et je trouvais que ma vie n’allait nulle part. C’était tellement frustrant. Puis j’ai eu écho d’une bourse d’étude pour étudier à Kathmandu. J’ai candidaté à cette bourse et je l’ai eue. Avec seulement 10000 Nepali Roupees (75-80euros) en poche, je suis arrivé à Kathmandu dans l’espoir de devenir quelque chose et quelqu’un. J’ai commencé à vivre dans un hôtel et d’avoir un travail en même temps que mes études. Mon job me permettait de me nourrir, de payer l’hôtel et de payer mes frais de scolarité. N’avoir aucun soutien familial à aucun moment de ma vie est vraiment difficile et quelques fois je pleure dans l’espoir d’avoir une meilleure vie que la mienne.
Pendant ma deuxième année d’étude j’ai intégré un Bachelor en Art et j’ai concilié mes deux diplômes en même temps. J’ai maintenant validé mon premier diplôme et je suis en troisième année du Bachelor en Art. La vie est une succession de difficultés mais je pense que maintenant je suis habitué à vivre des moments difficiles. Et puis après tout, même des plantes peuvent fleurir sur des rochers.
Mes rêves dans la vie ne sont pas grands. J’ai grandi dans une famille où il n’était pas possible de recevoir de l’amour de ma mère ou de mon père. Je ne sais pas ce que cela fait d’avoir un endroit que l’on appelle foyer. Ainsi je veux aider à construire un endroit pour les enfants étant comme moi ou bien des orphelins où ils pourront se sentir heureux et chez eux. Je veux qu’ils puissent sentir ce que c’est d’avoir un chez soi.
Parlons à présent de la Humanity Walk. Je me sens tellement reconnaissant d’avoir eu la chance de participer à une expérience pareille. Je m’imaginais comment cela pourrait être mais ce fut au-delà de tout ce que je pouvais espérer. J’ai été sincèrement touché par l’amour et la gentillesse des Français qui ont participé à cette Walk. J’ai eu l’opportunité d’en connaître plus sur leur culture, leur éducation et de nombreux aspects de leur vie.
La Humanity Walk est l’expérience d’une vie, c’est inestimable et je suis tellement heureux d’avoir eu la chance de vivre cela dans ma vie. Sur les 7 jours où j’ai été présent, nous avons eu l’occasion de voir une nature des plus incroyables ainsi que le mode des vies des Népalais vivant dans les zones rurales. Cette marche m’a appris de nombreuses choses, mais si je dois en partager une en particulier, c’est que peu importe ce que l’on peut affronter dans la vie, il faut être courageux et avoir de l’espoir.
Love you all, Francis.