Expérience de Geeta Bidari (Marie)

Namaste je m’appelle Geeta Bidari, j’ai 26 ans. Je travaille dans le milieu de la jeunesse pour le développement du leadership chez les jeunes, dans le District de Dhading. Je travaille donc auprès de la jeunesse car mon intérêt est l’égalité entre les sexes. Cet intérêt est né de l’importante discrimination existante dans ma vie, que ce soit chez moi, au sein de ma famille, ou de la société. Je suis née dans une famille de 7 enfants, j’ai 2 frères et 4 sœurs. Dans ma société, les garçons ont de meilleures conditions de vie que les filles, si bien que mes parents ont plus aimé mes frères que moi ou que mes sœurs. J’ai nettement moins d’opportunités dans ma vie que mes frères. Prenons un exemple des plus simples : mes sœurs ont été forcées de se marier à 15/16 ans alors que l’un de mes frères a pu se marier à 31 ans. Je suis tellement déçue et triste quand j’observe à quel point la situation n’est pas juste et équitable. A cette époque j’étais trop jeune et je n’ai rien pu dire sur cette situation. Quand j’ai fini mes études au lycée, mes parents ont voulu faire comme pour mes sœurs et me marier de force, mais je me suis battue. Je me suis battu de tout mon cœur car je voulais continuer d’étudier et d’être indépendante, et à mon plus grand bonheur j’ai réussi mon rêve.

En tant que femme j’ai dû faire face à de nombreuses épreuves et problèmes pour étudier et réaliser tout ce que je voulais faire dans mon quotidien. Il n’y a jamais d’égalité entre les membres de ma famille. Mon plus jeune frère n’avait jamais rien à faire à la maison, il rentrait de l’école et faisait ses devoirs. Dans le même temps, quand je rentrais de l’école, je devais aider à faire la cuisine, prendre soin des animaux, couper de l’herbe pour les nourrir et je n’avais pas le temps pour faire mes devoirs. Mais j’ai étudié du mieux que je pouvais car je voulais montrer à mes parents que je pouvais réussir. Alors je me suis battue, j’ai donné le meilleur de moi-même pour étudier et réussir tous mes examens. Quand j’ai eu mon premier salaire je l’ai donné entièrement à mes parents car je voulais leur montrer qu’une femme peut faire ce que les hommes font. J’ai vu à quel point ma mère, mes tantes, grand-mères et sœurs ont eu des difficultés dans leur vie du fait d’être une femme. C’est pour cela que je ne veux absolument pas avoir la même vie qu’elles. Il en est de même pour la nouvelle génération, je veux voir les jeunes filles avoir autant d’opportunités que les jeunes garçons. Je suis fière de travailler pour améliorer la situation dans mon pays et de me battre pour l’égalité entre tous les êtres humains. A présent, en plus de mon travail, je vais réaliser un master en « Gender equality » (Égalité des genres) pour avoir plus de connaissances sur le sujet et être plus compétente sur les obligations légales existantes dans mon pays.

Pour parler maintenant de la Humanity Walk, j’aimerai dire à quel point cette expérience fut unique et inestimable pour moi. J’ai été tellement motivée de par la tenue de cette marche et d’avoir la chance de pouvoir y participer. Je me bats depuis toujours pour l’égalité des sexes dans mon pays mais j’ai également peur de me battre. Mais grâce à cette expérience j’ai bien plus de courage et d’énergie qu’avant.

 

 

J’ai rencontré des jeunes femmes Françaises d’à peine 20 ans, qui sont venues seules au Népal en se battant pour ce qu’elles voulaient. Elles avaient l’envie et le rêve de venir et elles l’ont fait. Si elles l’ont fait, alors pourquoi je ne pourrais pas me battre pour mes rêves et ce que je veux faire dans ma vie.

Je suis aussi extrêmement fière des Français qui sont venus découvrir notre district. Ils ont un véritable grand cœur et je suis tellement heureuse de les avoir à présent dans ma vie. Je me sens tellement plus forte et remplie d’énergie pour améliorer la situation sociale dans mon pays.

Depuis la fin de la Walk, je n’arrête pas de donner les exemples des Français à ma famille. Notre société ne laisse pas les filles/femmes sortir de la maison et encore moins de veiller tard la nuit. Je leur parle de ces Français mais surtout de ces Françaises de 20 ans qui sont venues ici seules, sans leur famille, réaliser des actions humanitaires (5 jeunes Françaises ont réalisé une mission humanitaire avant de participer à la Humanity Walk). Si elles l’ont fait pourquoi pas moi ? J’ai demandé une réponse à mes parents mais ils n’en ont pas.

Ces jeunes femmes m’inspirent tellement, elles sont si jeunes mais si fortes. Tous ces Français sont si motivés, ils ont de nombreuses idées, des connaissances, et tellement d’énergie. Ils font sans aucun doute partie des gens les plus formidables que j’ai eu l’occasion de rencontrer dans ma vie.

J’ai toujours pensé que le bonheur venait de grands événements dans la vie mais finalement je me trompais. Nous pouvons, moi y compris, être heureux avec des choses toutes simples. Maintenant je réalise que mon bonheur ne dépend pas d’avoir une grande maison, une voiture ou de faire du shopping. Je me sens tellement heureuse depuis cette Walk. Quand nous campions, j’avais l’impression de ne pas avoir de maison. Vivre dehors est difficile pour nous, Népalais, nous ne faisons jamais ça. Mais pourtant c’est un sentiment très étrange car j’étais tous les soirs heureuse de camper. Cette expérience fut tellement exceptionnelle. Grâce à cette aventure, je réalise que le bonheur est le bonheur. Peu importe que ce bonheur soit petit ou immense le bonheur reste du bonheur. Nous pouvons changer le monde ensemble et j’en suis encore plus convaincue à présent.

Je tiens vraiment à remercier Terry pour l’organisation de cette expérience avec tous ces Français. Je suis si heureuse que Punam et Santosh m’aient donné l’opportunité d’être dans les membres Népalais de cette Walk. Vous faites tous partie de ma famille maintenant.