Témoignage de Juliette - Shree Barahi Primary School

Namaste !

Je m’appelle Juliette en France et Suntali (सुन्तली) au Népal, je vous avoue que je préfère mon prénom Népalais. Je suis auvergnate, j’ai 20 ans et je suis étudiante en STAPS.

Je suis partie le 20 février 2020 au Népal. Ce voyage s’est déroulé en deux parties, j’ai d’abord réalisé une mission humanitaire dans une école puis j’ai participé à la fameuse Humanity Walk 2020.

Tout a commencé dans une salle de classe à l’université. Pendant un cours d’anglais de Simon Ensor où Terry est intervenu. Il nous a parlé d’humanitaire et il m’a de suite donné envie. J’ai toujours rêvé de faire une mission humanitaire, je ne savais pas encore quand, où, ni comment avant d’avoir rencontré Terry. Mais en sortant de ce cours d’anglais je savais que ça allait être cette année.

Étant en en troisième année d’étude, j’avais des cours, un travail et un stage à assurer, mais j’ai quand même décidé de partir cette année. Je n’ai même pas hésité une seule seconde, c’était mon rêve, j’avais envie, alors je n’ai pas attendu pour le faire.

Comment j’ai fait pour concilier tout ça ? C’est très simple. J’ai expliqué mon projet à mes professeurs, mon maître de stage et mon patron, qui m’ont soutenue et encouragée (même si j’allais être absente). Puis j’ai travaillé davantage avant de partir et j’ai rattrapé mon retard en rentrant.

Quatre autres étudiantes en STAPS sont parties en même temps que moi, et trois nous ont rejoint après pour la marche. Pour préparer ce voyage et récolter des fonds, nous avons organisé plusieurs projets : la réalisation de calendriers, des ventes de crêpes, une course solidaire et des partenariats, notamment avec Décathlon qui nous a très bien équipés. Au-delà de récolter de l’argent nous avons impacté beaucoup de personnes dans notre projet et c’était juste incroyable.

Me voilà dans l’avion direction Katmandu, je suis à la fois stressée, excitée, impatiente et pleines d’interrogations.

Arrivées à Katmandu nous avons été merveilleusement bien accueillis par Punam et Santosh, les directeurs de l’association Peace For People. Nous avons directement rejoint le district de Dhading.

Notre arrivée au district m’a beaucoup marquée, nous sommes arrivés tard et en pleine tempête. Le taxi n’a pas pu monter jusqu’à chez Santosh, il nous a déposés en bas de la colline sous un préau. Nous allions devoir marcher avec tous nos bagages sous la forte pluie. Ce qui ne me dérangeait pas du tout, mais apparemment Santosh, si. Après 10 minutes d’attente sous le préau, j’ai aperçu trois enfants se diriger vers nous, pieds nus, en tee-shirt et short, avec dans leurs mains des parapluies. Non vous ne rêvez pas, ces enfants venaient de descendre la montagne juste pour nous apporter des parapluies et nous éclairer le chemin. L’aventure ne pouvait pas mieux commencer. A partir de ce moment-là toutes mes interrogations et mon stress sont partis. Je n’avais plus qu’une seule chose en tête : profiter.

Le lendemain matin j’ai pu admirer la magnifique vue de la terrasse de chez Santosh. Mais surtout rencontrer toute sa famille, ils sont d’une gentillesse et d’une bienveillance incroyable. Je me suis sentie comme chez moi tout au long du séjour, enfin même bien mieux que chez moi !

Puis nous avons attaqué notre mission humanitaire avec Célia, dans la Shree Barahi School. Une école de 5 classes avec des enfants de 4 à 12 ans située en haut d’une montagne. Après une heure de marche nous somme arrivées devant l’école, essoufflées mais très excitées de pouvoir enfin rencontrer les enfants. Leur accueil a été incroyable ! Leurs sourires et leurs joies de vivre sont difficilement qualifiables. Ils ont tout de suite voulu jouer avec nous et nous apprendre des choses. Nous avons commencé par des dessins puis ils nous ont montré leurs talents de chanteurs, de danseurs et de footballeurs.

Premiers constats : ils disposent de très peu de matériel, les professeurs leur donnent un crayon de papier chacun pour la journée ; quelques feuilles, des crayons de couleurs, trois ballons mais tous dégonflés, quelques cordes à sauter, raquettes et on a vite fait le tour.

Ensuite, il y a seulement 2 professeurs et un proviseur pour 5 classes, et ils ne font presque pas cours. C’est-à-dire que les enfants restent seuls dans leurs salles de classes pendant des heures.

Mais ce qui m’a le plus choquée c’est justement quand ils font cours : le professeur parle, les enfants répètent, le professeur écrit, les enfants écrivent ; et ç’est comme ça tout le temps. Un jour, j’ai écrit plusieurs mots en anglais sur le tableau pour faire un jeu, j’ai appelé un des enfants à venir pour que je puisse expliquer le jeu. Spontanément, il a épelé chaque lettre et chaque mot du tableau par cœur et les a fait réciter à toute la classe. C’était sidérant, l’école au Népal se résume donc à travailler la mémoire. Les enfants sont comme des robots qui mémorisent et répètent ce qu’on leur dit, sans réellement comprendre. Et si l’un d’entre eux ne le fait pas ou a le malheur de faire une bêtise, il en paie les conséquences. Le système éducatif et la violence aussi bien verbale que physique ont été difficiles à accepter pour moi. Comment peuvent-ils développer leurs capacités et leurs créativités dans ces conditions-là ? Ils ont plein de rêves et beaucoup de potentiel qu’ils ne peuvent pas exploiter, et c’est frustrant de le constater.

Le deuxième jour a été un petit peu plus compliqué. Nous avons été submergées par les émotions et l’énergie des enfants. Au Népal rien n’est similaire avec la France, alors l’adaptation a été difficile ce jour-là. Étant donné qu’il n’y a aucun cadre dans cette école et que les professeurs n’étaient pas présents. Nous étions seules avec deux classes d’enfants chacune, sans savoir ce que l’on avait le droit de faire ou pas. De plus, j’avais pensé à plein d’activités, de jeux, de projets à réaliser avec les enfants, et je me suis rendue compte ce jour-là que la plupart n’allait pas être réalisable en raison de l’environnement, du matériel, de la langue et du temps.

Pour ne pas subir le reste de la semaine, nous en avons discuté avec Célia le soir même. Nous nous sommes dit que l’on pouvait faire ce que l’on voulait, comme on le voulait, et que le plus important était l’épanouissement des enfants.

On a alors préparé et adapté plusieurs activités et le reste de la mission a été incroyable. On a proposé des jeux pour apprendre l’anglais, très différents de leurs manières d’apprendre habituelles. Ils ont découvert l’origami et appris des jeux d’animation qu’ils pourront reproduire, réalisé des parcours d’activité physique en équipe où ils se sont entraidés et encouragés. On a acheté des grandes feuilles et de la peinture pour dessiner tous ensemble une grande fresque. Et enfin on leur a offert un ballon de Volley et appris à jouer.

On a eu le temps de faire de multiples activités et de partager pleins de chose, j’ai senti les enfants heureux et épanouis, leur joie de vivre est très communicative. Ils ont pu s’exprimer et ils ont plein de choses à transmettre et beaucoup de talents.

Ces moments de partage, de découverte et de joie sont inoubliables. En très peu de temps des liens forts se sont créés, et les aurevoirs ont été très compliqués.

Quitter la famille de Santosh a également été une étape difficile. Je me sentais tellement bien chez eux que j’aurais voulu rester plus longtemps. La sensation est difficile à décrire puisque je ne l’ai jamais ressentie auparavant. C’est comme une sorte d’apaisement, de paix, de bien être total, je me sentais vivre comme jamais je me suis sentie vivre. Tous les problèmes, les contraintes que j’ai en France n’étaient pas là, je n’avais rien à penser, pas de stress, pas d’angoisse. J’étais entourée de bonnes personnes, de joie et d’amour, et cette sensation est vraiment incroyable.

Je souhaite à tout le monde de vivre une expérience comme celle-ci, un dépaysement total qui permet de se recentrer sur les choses essentielles et de profiter de la vraie vie. Les Népalais n’ont presque rien pour vivre, et pourtant je les trouve bien plus heureux et joyeux que nous. Ils sont juste bien entourés, ils passent du temps avec leur famille et leurs amis, et ils sont très proches et solidaires entre eux : c’est la clé du bonheur.  Je retiendrai deux choses principales de ce voyage : premièrement que le bonheur se trouve dans les petites choses ; et deuxièmement que la vie est belle et il ne faut jamais oublier de la vivre pleinement. Nous devons arrêter de nous plaindre, et profiter de la chance qu’on a.

Je remercie Punam, Terry et Santosh, puisque c’est grâce à eux que tout cela est arrivé ; toute la famille de Santosh pour avoir pris soin de nous ; Pratima, Pravakar, Samarpan, Samip et Prabat pour tout ce qu’ils nous ont appris et partagé.

Je remercie aussi les enfants de l’école pour toute la force et l’amour qu’ils m’ont donnés. Et puis Célia, Line et Julie sans qui cette expérience n’aurait jamais été aussi belle.