Témoignage de Charlotte - Shree Amber Jyoti School

Et voilà, du haut de mes 21 ans je me retrouve à tenter d’écrire un retour sur une aventure pour le moins extraordinaire, que j’ai eu la chance de vivre au Népal.
Comment réussir à résumé un voyage de 3 semaines (à la fois si court et si long) en quelques lignes pour tenter de vous partager mon expérience.
Il y a tellement de chose à dire et en même temps si peu, car quoi de mieux pour vraiment comprendre et ressentir les choses que de directement les vivres. Mais je vais quand même essayer de te partager un bout de cette formidable aventure à toi, lecteur/lectrice.

Alors commençons par ce qui pourrait s’apparenter au début, la rencontre de Terry par le biais d’engagements associatifs. C’est autour de plusieurs discussions quant à sa propre expérience humanitaire au Népal et sa volonté de créer une association en France que j’ai découvert l’existence de Peace for people Népal. Je pense qu’on peut facilement dire que dès le début l’entraide et le partage ont été les maîtres mots de notre rencontre, et sont venus guider la suite d’une belle aventure. Initialement, je ressortais de mes discussions avec Terry pleine de rêves lointains en me disant qu’un jour j’aimerais sauter le pas et partir en mission (sans penser la réaliser si vite).  Puis finalement, sans trop encore pouvoir dire quand et pourquoi, j’ai décidé de saisir l’opportunité de partir voyager et découvrir une nouvelle culture durant 3 semaines, en parallèle de ma dernière année de licence. Après tout il ne dépend qu’à chacun d’être le décisionnaire de ses priorités et de choisir l’importance que l’on accorde aux choses, la direction que l’on donne à notre vie. Certains verrons peut-être dans ces propos la naïveté de la « jeunesse » mais j’aurais envie de dire après tout pourquoi ne pas l’écouter !  

C’est donc à 7 étudiantes en STAPS que nous avons programmée notre voyage au Népal sur l’année 2020.  Je pense que dès lors l’aventure humaine a commencé. Sans vraiment toutes nous connaître nous avons tenté de nous retrouver autour de cette expérience commune, animé des mêmes valeurs, des mêmes envies avec pour autant chacune notre propre « individualité ».
Ayant toujours eu envie de découvrir le monde en immersion totale dans de nouvelle culture, l’idée de faire une « mission humanitaire » et une Humanity Walk grâce à l’association Peace for people m’a semblait être l’occasion rêvé. 
Le programme de cette aventure était alors de réaliser une dizaine de jour dans le district de Dhading hébergé chez la famille de Santosh, en « mission » dans une école du District, puis de continuer sur la Humanity Walk (une marche regroupant autant de Français que de Népalais à la découverte des paysages du District, sur les pas des écoles bénéficiant d’actions de l’association).

C’est ainsi que le 19 février je m’envole pour le Népal.

A peine sorti de l’aéroport à Katmandou le dépaysement fut totale, au niveau des sons, des odeurs, des interactions… L’effervescence de la capitale sautait au yeux (d’autant plus que nous sommes tombés sur une journée spéciale dans la religion Hindouiste regroupant bon nombre de Népalais dans la capitale). Si je vous raconte ce souvenir c’est dans le but de vous partager un peu du dépaysement qui est venu marquer cette aventure.
Du climat jusqu’au bruit de klaxon rien n’est similaire au lieu de vie auquel je suis habituée.
Sans trop savoir où j’avais mis les pieds ni même à quel moment j’avais pris cette décision ; je me retrouvais donc au Népal. C’est sous une forte pluie que nous avons alors fait la route pour arriver chez les parents de Santosh. Une de nos premières rencontres fut celle des enfants de la famille. Ils sont arrivés trempées, couverts de boue, tenant des parapluies à la main qu’ils nous ont tendu avec leurs plus beaux sourires, pour qu’on ne soit pas trempé, alors qu’eux l’étaient intégralement.  Je pense pouvoir dire que c’est une des images les plus marquantes que je garderais de ce voyage. A elle seule elle illustre toute l’hospitalité des Népalais à notre égard. Le peu qu’ils possèdent, ils voulaient le partager et nous en faire profiter.

S’il y a bien un mot antinomique pour venir définir les personnes rencontrées et la culture découverte, l’égoïsme serait le premier. Je pourrais écrire de longues lignes pour vous expliquer à quelle point l’accueil qui nous a été réservé, partout où nous sommes passés, fut chaleureux et bienveillant.  Je pourrais vous parler des valeurs si fortes qui semblent animer l’ensemble des Népalais en matière de partage et leur philosophie, si extraordinaire, face à la vie mais encore une fois ce serait une bien pâle comparaison de l’expérience vécue (aussi je pense que dans tous les témoignages que vous trouverait à ce sujet nous seront d’accord, alors je vous laisse le découvrir parmi leurs lignes et qui sais peut-être même le vivre !)  

Dès le premier soir nous nous sommes retrouvés chez les parents de Santosh avec un accueil des plus chaleureux malgré la barrière de la langue.

Il était convenu que nous intervenions dans les écoles du district autour d’activités physiques, éducatives et ludiques. Le lendemain de notre arrivée, jour de repos pour les écoles, nous avons rencontré les directeurs respectifs des établissements dans lesquelles nous allions intervenir pour discuter des modalités de notre venue.  Je me suis vite questionnée sur le réel intérêt de notre présence sur une si courte période.  Faisions-nous ça pour « l’acte humanitaire » ou étions-nous tombées dans du tourisme de bonne conscience… Il m’a alors fallu passer les 2 premiers jours de « mission » et une longue discussion avec Santosh pour réussir à redonner un réel sens à notre venue. En effet je me suis toujours promise de ne pas partir en soit disant « mission humanitaire », revendiquant aider les populations locales, telle une petite occidentale bien lotis, pensant détenir les solutions (mais ne sachant rien), et finalement masquant simplement du tourisme de bonne conscience.  Une part de ces propos est vrai, nous sommes arrivées en petites occidentales pensant venir « aider » tout en sachant que nous en retirerions autant (je pense que toutes personnes qui entreprends ce genre de voyage le fait avant tout pour elle-même mais quoi de mieux que de faire profiter de son « égoïsme » aux autres, n’est-il en ce sens pas bénéfique ? Dans ce cas je me dis que nous avons tous une part d’égoïsme qui n’est pas une mauvaise chose ; il s’agit de trouver le bon équilibre.)

Notre venu sur 10 jours dans les écoles reste certes peu significatif quant à notre impact (en tout cas bien moindre que celui retiré) et avec une pointe de frustration quant à la durée. Dans le cas de l’école dans laquelle j’ai été avec Line (une autre humanitaire également étudiante en STAPS) nous avons pu contribué à créer un premier lien entre l’association et l’école (étant les premières humanitaires qu’ils accueillaient). C’est au côté de l’équipe d’enseignant de l’école que nous avons évolué toute la semaine ce qui nous a permis d’intervenir auprès des enfants tout en laissant entrevoir la perspective d’une autre forme d’éducation qui ne serait pas automatiquement affiliée à la discipline, la peur et la violence qui régner majoritairement dans les écoles Népalaises. 

Il est vrai que leur système scolaire est très différent de celui que nous pouvons connaître en France. Alors sans pour autant revendique le système français comme la solution, nous avons voulu tenter d’entrouvrir la porte à une éducation plus souple, où le développement personnel de chaque enfant serait pris en compte. Encore une fois loin de nous la prétention de révolutionner leur fonctionnement nous avons tenté d’apporter notre petite contribution au travail bien plus grand mené par l’association Népalaise.  C’est dans cette perspective, et sachant que nos actions étaient accompagnées par des locaux et leur vision plus global de ce qu’ils pensent être « bons » de faire sur place, que mes doutes quant à l’intérêt de notre venue se sont estompés pour laisser place à toute la richesse de cette expérience. Les sourires et la joie des enfants resterons un souvenir des plus émouvants de ce voyage.  Là encore le choc culturel est énorme. On parle beaucoup du Français râleur comme caricature, à l’inverse le Népalais caricatural serait tout sourire et heureux quel que soit la situation. Finalement je me dis que de tel caricature trouve bel et bien leurs fondements quelque part (mais bien entendu ne généralisons pas).

Suite à ces 10 jours d’interventions dans l’école, nous avons pris la route pour la Humanity Walk organisé par les associations Peace for People France & Népal. C’est donc avec un groupe Franco Népalais que nous avons passé la suite de notre séjour à arpenter le district de Dhading et ses montagnes. Malheureusement pour cause du Covid-19 l’itinéraire prévu avec des étapes dans les écoles bénéficiant de l’aide de l’association a dû être modifié. L’expérience en est resté tout aussi marquantes. Elle fut l’occasion de rencontrer des personnes extraordinaires quel que soit la nationalité. De beaux liens interculturels sont naît, et ont permis de partager 10 jours de bonheur supplémentaire entre randonnée, feu de camp, chant, danse, rire et un peu de crasse aussi il faut le dire …

Faire ces 10 jours de « mission humanitaire/solidaire » et la Humanity Wallk m’ont permis de mesurer toute l’ampleur d’une réalité qui ne m’était que trop peu connue et appréhendée. On entend beaucoup parler de la pauvreté de certains pays, des conditions de vies et du décalage entre les « sociétés », mais s’y confronter donne une tout autre dimension au discours. J’aurais beau vous décrire les odeurs, les paysages, vous raconter la misère existante, la gentillesse naturelle de la population, vous parler de la culture que j’ai découverte, rien ne sera plus réaliste que si vous sautez le pas et prenez vos billets d’avion.